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Demain, peut-être, il sera trop tard pour publier
cela, j'y croirais moins, ou plus du tout. Mais aujourd'hui, c'est avec
bonheur que je vois l'agencement de ces trois idées qui jusqu'ici
me conduisaient à l'incohérence.
voici quelques idées :
-
Dans le monde des idées, ce qui n'est fait, n'est
valable que pour une seule personne et se limite à cette personne
ne vaut pas grand chose, presque rien, vaut moins que ce qui est fait pour
deux, trois ou plus. Et c'est avec le plus seulement que peut naître
la valeur, l'interêt. (à quoi bon trouver que untel est comme
ci, comme ça, à vouloir cerner la psychologie d'un individu
particulier (mort de plus, ou soi) quand un travail aussi difficile portant
sur un plus grand nombre pourrait être profitable à ce plus
grand nombre)
-
Dans le monde des idées (toujours), on ne peut rien
faire de valable qui ne parte pas de soi, ne porte pas sur soi, ne concerne
pas notre individu au premier plan, rien qui deborde un cadre intime. (parler
pour les autres, interpréter la pensée d'autrui, vaut moins
que parler pour soi, et prendre la responsabilité du propos que
fait naître la réflexion d'autrui. Il arrive même que
vouloir parler/ecrire pour plusieurs nuise, car on ne fait bien que dans
l'intime)
d'un coté la volonté d'avoir une action qui
soit profitable au plus grand nombre, de l'autre l'idée orthogonale
(sinon opposée) que l'on ne peut jamais faire que quelque chose
pour soi. Comment concilier ces deux idées. Voici une troisième
idée qui peut sembler étrangère aux deux autres, ne
s'opposant, ni ne confluant avec aucune d'elles :
Ces trois idées, j'y tiens.
Mais longtemps je n'ai su comment les organiser pour
me donner du coeur à l'ouvrage (penser, écrire). Je me trouvais
pris entre la volonté de dire des choses qui intéressent
le plus grand nombre, en étant persuadé que les seules choses
que je pourraient écrire d'important ne seraient interressante/lisible
que par moi seulement. Et si cela ne pouvait être dépassé,
je n'aurais pas écrit, dis, rapporté, et même je me
serais demandé s'il fallait pensé tout ça, les pensées
n'étant pas notre propre/propriété (voilà ou
intervient la troisième idée !). Dans le doute, j'ai continué
à écrire, penser, tout en refusant la propriété
de ces idées.
Hier j'ai eu l'impression, que l'on pouvait accorder ces
trois idées. La base de toute idée reste la pensée
personnelle, pris comme telle elle reste inutile car ne concerne presque
personne : soi, ses proches (et encore !). Mais voilà, prise comme
pensée qui ne nous appartient pas, cette pensée nous dépasse,
peut interresser le monde. En ne nous appartenant pas, elle appartient
à tout le monde, chacun peut la faire sienne, croire qu'elle est
à soi, qu'elle parle de lui (cela peut sembler factice, ici, mais
je sens qu'il y a quelque chose derrière qui n'est pas seulement
de l'ordre du jeux sur les mots). En refusant de nous appartenir, l'idée
se fait universelle. En refusant de travailler au respect de la propriété
de ces idées, on les rends utiles. (a parte : et où se trouve
le lieu le plus favorable à la dépersonnalisation des idées,
à la perte de leur propriété, sinon ici, sur internet
ou le don est la forme principale d'échange et de communication.
Et je trouve là, une justification pour continuer à écrire
ici.)
Est-ce que cela justifie que l'on se borne à se
regarde le nombril. Bien sur que non, il faut avoir le courage d'aller
un peu au delà, mais au delà il ne faut pas avoir peur de
ses opinions (mot mal vu en philosophie, alors disons ) sentiments, impressions
(terme plus clair et ne portant pas à confusion comme opinion (?)),
avoir confiance dans le fait qu'elles peuvent interresser d'autres que
soi, que l'effort nécessaire à leur expression vaut qu'il
soit effectué, pour soi et pour eux, dans le contexte de l'impossible
propriété des idées. Car c'est probablement, là,
au delà quand l'univers concerné par un propos est assez
large pour dépasser un individu, que se trouvent les choses les
plus interressantes.
page et photos Denis
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